Tchad : lettre ouverte du Dr Ndolembai Sadé Njesada au président Mahamat Idriss Déby Itno: entre vérités et propositions
Dans une lettre ouverte empreinte de franchise et de patriotisme, Dr NDOLEMBAI SADÉ Njesada s’adresse au président de transition, Mahamat Idriss Déby Itno, qu’il appelle fraternellement « mon frère ». Ce message, devenu viral sur les réseaux sociaux , dépeint avec lucidité les maux qui gangrènent le pays et propose des solutions concrètes, réalisables à court terme. L’auteur invite le président à sortir du cercle des flatteries pour entendre la voix d’un peuple en quête de transformation.
Ci-dessous, l’intégralité de la lettre :
À MON FRÈRE, MAHAMAT IDRISS DÉBY ITNO
Monsieur le président,
Quand un autre Tchadien vous appelle mon frère, ce n’est pas pour vous rabaisser mais c’est pour vous dire certaines vérités que ceux qui vous flattent n’osent pas vous dire.
Monsieur le président,
Quand on vous dit de changer de cap, ce n’est pas une insulte mais plutôt une contribution d’idées suite à un constat, on vous demande de prendre vos responsabilités.
Monsieur le président,
De général de corps d’armée au titre de docteur honoris causa en passant par maréchal, Elhadj et président légal, vous avez eu tous les titres d’honneur humainement possible.
Mais en quoi cela a changé la situation du peuple Tchadien qui attend toujours le progrès dans l’unité comme résultat de votre travail?
Monsieur le président,
Cela fait plus de 4 décennies que nous avons les mêmes problèmes d’énergie, d’eau, d’inondations, de famine,…et pourtant nous pouvons résoudre ces problèmes avec simplement de la volonté car nous en avons les moyens techniques et financiers. Notre pays ne peut continuer éternellement à être un spécimen parmi les autres pays.
Monsieur le président,
Pourriez-vous résoudre le problème d’énergie en construisant simplement 30 mégawatts de champ solaire dans chaque arrondissement de N’Djamena et nous serions à l’abri de ce problème pour au moins 15 ans?
Ceci est faisable en juste 2 ans.
Monsieur le président,
Il est anormal de parler de la faim dans un pays qui a tellement de terres arables très fertiles. Des contrats de type PPP pourront résoudre ce problème en 12 mois si la rigueur et l’exigence du concret sont au rendez-vous.
Monsieur le président,
Au lieu de bitumer 1km à 1 milliard de voies urbaines, nous pouvons construire les rues de nos arrondissements avec des pavés écologiques en absorbant plus d’un million de tonnes de déchets plastiques que nous produisons chaque année.
Ainsi, avec 1 milliard nous aurons au moins 3 km de voies en pavé, et en 3 ans toutes les voies urbaines seront construites.
Monsieur le président,
Voyager à l’intérieur du pays par la voie routière est une misère indescriptible, parce que nous n’avons aucune route nationale digne de ce nom. Pour résoudre ce problème, il suffit de confier la construction, la maintenance et la collecte des frais d’usage de ces voies aux institutions privées (beaucoup sont disponibles à le faire). Ce qui pourra améliorer notre façon de voyage en moins de 5 ans.
Monsieur le président,
Ouvrons l’espace économique en créant des conditions adéquates (sécurité, énergie, transport, taxes) afin de pouvoir attirer les investisseurs.
Nous pouvons y arriver en 3 ans si nous commençons à mettre en œuvre les conditions ci haut proposées.
Monsieur le président,
Avec tout l’or de Miski, vous-même aviez dit que la production génère plus de 3 milliards/jour, trouvez-vous normal que nous n’ayons pas encore notre Dubaï?
Avec une société de transformation sur place, nous pouvons changer la vie de beaucoup de Tchadiens.
Cet or est-il un bien public ou il appartient à des individus?
Monsieur le président,
Le pays ne va pas se développer en 10 chantiers et 100 actions mais il faut avant tout assainir l’administration publique. L’État ne pourra jamais réussir sa mission en voulant être le plus grand employeur et en nommant des cousins/amis/neveux incompétents.
Et payer des salaires n’est pas un signe de progrès économique. Faisons confiance à nos opérateurs économiques en respectant nos engagements afin qu’ils absorbent la main-d’œuvre locale existante.
Monsieur le président,
Dites à ceux qui crient très fort contre ceux qui vous présentent le diagnostic du pays, que le problème n’est pas le thermomètre qui indique une chaleur accablante mais plutôt la chaleur elle-même. Alors de grâce recadrez-les, afin qu’ils voient la lumière qui apportera le développement qu’on leur montre et non le bout du doigt qui l’indique.
Monsieur le président,
Même si le peuple vous manque de respect, prenez cela sportivement et prouvez-lui le contraire en répondant à leurs besoins existentiels et vous verrez que vous deviendrez leur héros! C’est simplement ce que le peuple demande de vous car beaucoup me soufflent à l’oreille et ça me fait mal.
Alors je vous transmets cela pour votre action.
Mais monsieur le président,
S’il vous plaît, dites à vos choristes et cantateurs là que ce que le peuple m’a soufflé à l’oreille n’a rien à voir avec l’amour de votre personne mais il s’agit de la nation et que s’ils vous aiment vraiment, qu’ils commencent à prendre action, chacun dans son domaine, pour le changement.
Sinon, j’ai peur que vous continuiez à parler de la façon dont ils auraient volé les biens publics dans votre second livre si jamais vous décidez d’en écrire un autre.
Monsieur le président,
Je suis prêt à vous donner le titre d’empereur si c’est ce qu’il faut pour qu’enfin notre pays puisse avoir un plan quinquennal de développement adossé à des actions concrètes dans l’immédiat pour le changement tant attendu.
J’espère que vous avez pu lire intégralement ma si longue note qui n’est qu’une infime partie de ce que le peuple continue à me souffler à l’oreille.
#Fraternellement
#VPN
La Rédaction