Togo : La France exige des enquêtes sur la mort de sept manifestants à Lomé

 

La scène politique togolaise est à nouveau secouée par un drame aux lourdes répercussions diplomatiques. En réponse à une série de manifestations ayant viré à la tragédie, la France a officiellement demandé aux autorités togolaises de faire toute la lumière sur les circonstances entourant la mort de sept personnes à Lomé.

C’est lors d’une audition à l’Assemblée nationale française, mercredi 3 juillet, que le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a exprimé sa vive inquiétude quant aux violations présumées des droits humains au Togo. Interpellé par le député socialiste Aurélien Taché, le chef de la diplomatie française a réclamé des explications claires sur les violences survenues durant les manifestations des 6, 26, 27 et 28 juin derniers.

« Nous exhortons les autorités togolaises à faire toute la lumière sur ces accusations de torture et les décès rapportés », a déclaré le ministre.

Sept corps retrouvés dans la lagune de Bè

Les événements tragiques ont été rapportés par le Front Citoyen Togo Debout (FCTD), un collectif engagé dans la défense des libertés. D’après ce dernier, les corps de sept personnes ont été retrouvés dans la lagune de Bè, au cœur de la capitale togolaise. Le collectif accuse ouvertement des éléments des forces de l’ordre et des milices d’avoir commis des exactions lors des récentes mobilisations contre le régime.

Les autorités togolaises, quant à elles, évoquent des noyades accidentelles et dénoncent ce qu’elles qualifient de manipulations politiques visant à discréditer les institutions.

Appel à une enquête indépendante

Face au scepticisme croissant, la coalition « Touche pas à ma Constitution », composée de partis d’opposition et d’organisations de la société civile, réclame l’ouverture d’une enquête internationale. Elle pointe du doigt l’opacité des enquêtes précédentes et le manque de suites judiciaires.

« Au Togo, les enquêtes ne débouchent jamais sur des sanctions. C’est l’impunité totale », déplorent les membres de la coalition.

La position française rejoint celle des acteurs togolais critiques du régime. Paris a réaffirmé son engagement en faveur des libertés fondamentales, en particulier la liberté de manifestation et celle de la presse, appelant les autorités à respecter leurs obligations internationales.

Un climat politique déjà tendu

Cette nouvelle tension intervient dans un contexte politique explosif. La récente réforme constitutionnelle, adoptée malgré une forte contestation, renforce les pouvoirs du président Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005. Pour l’opposition, cette réforme marque un recul démocratique majeur et alimente les mobilisations populaires.

Et maintenant ?

Alors que la pression internationale s’accentue, une question cruciale demeure : le Togo acceptera-t-il de coopérer à une enquête indépendante ? Faute de réponse claire, le pays risque de se retrouver dans une impasse politique et diplomatique, au moment où la population réclame plus de justice et de transparence.

Par Frédéric Konaté 

Commentaires Facebook