France: Moulin de Charbonnière : du comte de Maurepas à Napoléon III, un monde de paix et d’échange jusqu’à Babelsberg ?
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Berceau d’ingénierie et de savoirs vivants, le Moulin de Charbonnière a été construit pour le Comte de Maurepas vers 1495. A l’origine c’était une tannerie. Puis, le creusement du canal sous Napoléon III permit d’exploiter au mieux la force motrice qui arrive au moulin. Comme un courant propice à l’Europe de demain, c’est ici qu’est née une amitié entre la famille Schmitt d’origine alsacienne et l’industriel breton Pierre Eugène Lognoné (1930-2022) passionné d’innovation franco-allemande.
Encore aujourd’hui, un moulin reste un lieu d’innovation et de rencontre pour transformer des graines de blé mais aussi faire circuler des idées qui pourraient par exemple réinventer le jumelage entre Saint-Grégoire et Uttenreuth jusqu’aux rives de Babelsberg.
Au XVIIIe siècle, le roi Frédéric II de Prusse se crée le mythe d’être le descendant du personnage biblique Nimrod censé être l’architecte de la Tour de Babel. Il fait fonder : Babelsberg, une nouvelle cité pour les protestants chassés de Bohême et nomme ce nouvel endroit d’après le mythe de Babel. Par la suite, le prince Guillaume, futur empereur Guillaume Ier, se fait construire une résidence sur les rives de Babelsberg. Aujourd’hui, Babelsberg expérimente l’avenir du cinéma mais aussi de l’intelligence artificielle en Allemagne. Les studios de Babelsberg, à Potsdam, comptent parmi les précurseurs à l’échelle internationale.
Où trouverons-nous du blé dans l’Europe du futur ?
Pendant longtemps, l’Ukraine a été le grenier à blé de l’Union soviétique. A l’occasion de l’exposition universelle de Dubaï, le pavillon ukrainien présentait un « champ » créé à partir de vrais épis de blé, de « nano-blé » et de blé numérique. Cette solution entendait démontrer symboliquement le mouvement de l’Ukraine vers l’avenir en harmonie avec la nature et le progrès technologique.
Parmi les expositions du pavillon ukrainien, figuraient aussi un vélo électrique pouvant parcourir 380 kms après une seule charge, ainsi qu’une imprimante 3D pour la céramique et des stores solaires capables de générer de l’énergie, reflétant ainsi le caractère unique et l’originalité du peuple ukrainien et de sa culture.
Découvrir les performances créatives de l’alimentation et de la nutrition de demain
L’observatoire de Berlin se déplaça en 1913 dans le parc de Babelsberg. Avec le temps, il devint l’Institut d’astrophysique de Potsdam (Leibniz-Institut für Astrophysik Potsdam). Ce n’est qu’en 1923 que la famille Schmitt, ayant fui l’Alsace en 1870 pour se réfugier à Paris, a acheté le moulin de Charbonnière pour se spécialiser dans la fabrication de farine de blé noir, aussi appelé « sarrasin ».
Ce lieu a fortement inspiré Pierre Eugène Lognoné (1930-2022) dans ses recherches sur la nutrition santé de demain. Il appréciait tout particulièrement de pouvoir échanger avec Raymond Schmitt, fils de l’ingénieur agronome Henri Schmitt.
Le travail familial mené pendant plusieurs générations pour valoriser le blé noir (sarrasin) l’intéressait particulièrement pour le développement culinaire de farines de qualité. Mise en terre à la Saint-Jean et récoltée à la Saint-Michel et, bien qu’ayant des caractéristiques principales proches des céréales, la fleur de blé noir est cousine de l’oseille et de la rhubarbe et porte une graine dont la forme évoque celle du hêtre.
Si Babelsberg expérimente demain l’avenir du cinéma et de l’intelligence artificielle, quel sera demain l’avenir de l’agriculture régénérative ?
L’entreprise allemande Volucap a ouvert en 2018 à Babelsberg ce qui était à l’époque le premier studio volumétrique en Europe. 42 caméras haute définition sont disposées autour d’une petite pièce cylindrique. Elles filment une actrice ou un acteur sous tous les angles, de manière à pouvoir réaliser une représentation 3D précise. En une minute, une seule prise génère 3 téraoctets de données. Une personne scannée de cette manière peut être insérée dans n’importe quel film à l’aide de l’intelligence artificielle. La luminosité, les trajectoires de caméra et les arrière-plans sont facilement adaptables. Autre possibilité fascinante : il est possible de créer des doublures numériques.
Ces innovations peuvent-elles nous aider à mieux étudier le génie des plantes ? Les sciences du vivant comme l’agriculture pourront-elles aussi exploiter un jour ces technologies pour améliorer des rendements agricoles, stimuler l’innovation végétale, imaginer de nouvelles fermes du futur ? Bref, susciter une nouvelle génération de leaders franco-allemands du développement durable et de la New Nature Economy.
Par Kevin LOGNONÉ