Afrique: La musique africaine en deuil ; le pionnier de l’Afrobeat Tony Allen est mort !

 

Le musicien nigérian Tony Allen, batteur et créateur de l’afrobeat aux côtés de son compatriote Fela Kuti, est décédé, ce jeudi 30 avril, à Paris, a indiqué son manager Eric Trosset. « On ne connaît pas exactement la cause du décès », a précisé l’agent indiquant qu’il n’a pas été emporté par le Covid-19.

« Il était en pleine forme, c’était assez soudain. Je lui ai parlé à 13 heures, puis deux heures plus tard il était pris d’un malaise et a été transporté à l’hôpital Pompidou, où il est décédé », a affirmé l’agent. La star vivait à Courbevoie, près de Paris.

Quatre batteurs pour le remplacer
Tony Allen fut dans les années 1960 et 1970 le batteur et le directeur musical de son Fela Kuti, avec qui il créa l’afrobeat, genre à part entière, musique hypnotique et répétitive mêlant le style highlife, la polyrythmie yoruba, le jazz, le funk, et qui devint l’un des courants fondamentaux de la musique africaine du XXe siècle. Sur cette musique puissante, Fela greffera ses paroles révolutionnaires et panafricanistes qui feront de lui l’un des symboles les plus forts de la lutte pour les libertés en Afrique.

Avec Fela et le groupe Africa 70, il va enregistrer une quarantaine d’albums, avant que les chemins des deux complices ne se séparent après vingt-six ans de travail ensemble. La rythmique de Tony Allen était si intense que Fela a eu besoin de quatre batteurs pour le remplacer. Le musicien britannique Brian Eno avait qualifié Tony Allen de « meilleur batteur qui ait jamais vécu ».

Autodidacte
Son père voulait qu’il devienne réparateur de télévisions, c’est en apprenant seul la batterie qu’il est devenu l’un des plus grands batteurs au monde : Tony Allen est né en 1940 à Lagos au Nigeria. C’est en 1964 que cet autodidacte passe des essais pour le groupe de jazz monté par le chanteur Fela Kuti à Lagos. A partir de cet instant, il intègre la formation Africa 70.

Mélange des genres et collaborations
Dans les années 80, il monte son propre groupe et décide de partir à Londres, où il a notamment enregistré avec Manu Dibango et Ray Lema. Il commence alors déjà à mélanger les styles.

Dans les années 2000, c’est la France qui l’accueille : on lui doit notamment la rythmique du célèbre morceau “La Ritournelle” de Sébastien Tellier.

En 2006, il monte le groupe The Good, The Bad and The Queen avec Damon Albarn de Blur et Paul Simonon de The Clash. Il fait également des apparitions dans le projet Gorillaz. Le chanteur de Blur lui a même rendu même hommage dans une chanson intitulée “Music is my radar“. Dans son album “Film of life” sorti en 2014, Tony Allen l’avait aussi invité à chanter sur un titre nommé “Go Back“.

Tony Allen avait sorti une dizaine de disques en son nom, et devait célébrer ses 80 ans en septembre en grande pompe au Royal Albert Hall de Londres, entouré de ses nombreux admirateurs. Son rythme aérien et reconnaissable entre tous était une référence mondiale. Il était l’inventeur d’un style et aura eu une influence immense dans le monde du rock, du punk, du rap et de la pop.

Par Thierry Wikeya.

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