Cameroun : Jean de Dieu Momo réagit aux prises de position des évêques : Appel au respect de la laïcité et à la neutralité de l’Église
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Dans une lettre ouverte adressée aux prélats camerounais, Jean de Dieu Momo, ministre délégué à la Justice et président du PADDEC, a exprimé son désaccord face aux récentes prises de position publiques de certains évêques concernant la gouvernance du président Paul Biya et les prochaines élections présidentielles de 2025. Il a rappelé les principes fondamentaux de la laïcité de l’État et a invité les responsables religieux à se concentrer sur leur mission spirituelle et morale plutôt que de s’immiscer dans les affaires politiques.
Un rappel au respect du contrat entre l’État et l’Église
Jean de Dieu Momo a souligné que la République du Cameroun est fondée sur un équilibre délicat entre l’État et l’Église, garantissant une cohabitation harmonieuse. « L’État ne s’immisce pas dans les affaires religieuses, et l’Église s’abstient de se mêler directement de la politique. » Cet équilibre, selon lui, est essentiel pour préserver la stabilité et la paix sociale dans le pays.
Des propos jugés déplacés et dangereux
Le ministre a particulièrement dénoncé certaines déclarations faites par des prélats, qu’il considère comme incendiaires et susceptibles d’inciter à la désobéissance civile. Il a notamment critiqué les propos d’un évêque qui aurait déclaré : « Même si c’est le diable qu’il prenne le pouvoir au Cameroun et le reste on verra après ! » Des paroles que Jean de Dieu Momo juge non seulement blasphématoires, mais également contraires aux principes bibliques.
Il a également rappelé que l’âge avancé d’un candidat ne constitue en aucun cas un critère d’exclusion dans le cadre légal camerounais. « Dans une démocratie, les choix politiques s’expriment dans les urnes et non par des déclarations médiatiques intempestives », a-t-il martelé.
Appel à la responsabilité des chefs religieux
Jean de Dieu Momo a exhorté les prélats à jouer leur véritable rôle de guides spirituels en prônant la paix, la réconciliation et le respect des institutions démocratiques. Selon lui, l’Église doit s’abstenir de tout discours susceptible de fragiliser la cohésion nationale et inciter les citoyens à contourner les lois.
Il a rappelé que les autorités de l’État ont la responsabilité de faire respecter les lois et que nul, pas même une institution religieuse, n’est au-dessus de ces règles.
Neutralité et cohabitation pacifique
Dans sa lettre, le ministre délégué à la Justice a insisté sur la nécessité pour les responsables religieux de respecter leur engagement tacite avec l’État. Il a invité les prélats à exprimer leurs opinions politiques de manière privée et non dans les églises ou au cours de cérémonies religieuses.
« Votre rôle est de rappeler aux fidèles que l’expression de leurs choix politiques doit se faire dans le cadre des règles établies par notre démocratie, et non par des déclarations publiques susceptibles de créer des tensions inutiles », a-t-il souligné.
Un appel à l’apaisement en période pré-électorale
Alors que le Cameroun s’apprête à entrer dans une période électorale cruciale, Jean de Dieu Momo a conclu sa lettre par un appel au calme et à la responsabilité collective. Il a exhorté les chefs religieux à orienter leurs fidèles vers des comportements citoyens et respectueux des institutions.
« Ensemble, dans l’unité et le respect mutuel, nous pourrons construire un Cameroun stable et prospère », a-t-il conclu.
Cette lettre ouverte, aussi ferme que diplomatique, vise à recadrer les acteurs religieux tout en rappelant l’importance d’une séparation claire entre le spirituel et le politique, condition essentielle pour garantir une démocratie apaisée au Cameroun.
Par Georges Domo

