France: Histoire de commune: Les origines de la paroisse de Saint-Grégoire en Bretagne
Il existe plusieurs pistes de recherche concernant les origines de la paroisse de Saint-Grégoire. Alors que la tradition locale catholique se réfère à une relique papale, une thèse privilégie une origine écossaise liée au clan Mac Gregor. Pourquoi pas ? La dynastie des Stuart ne trouve-t-elle pas ses racines à Dol de Bretagne ?
L’onomastique associe Γρηγόριος, Gregorius et Griogair. La référence grecque se justifie pour un rapprochement avec Grigori.
Le panthéon chrétien retient Grégoire de Nazianze, Grégoire de Nysse, Grégoire Ier, dit le Grand, l’orthodoxe Grégoire Palamas, et aussi l’historien Grégoire, évêque de Tours. Aucun d’entre eux n’a fondé de cité mais tous ont contribué à l’essor et à la diffusion de courants théologiques influents.
La filiation écossaise de Mac Gregor, mac signifiant fils de, introduit deux, voire trois, origines possibles, les deux premières revendiquant un rang royal au IXème siècle, la troisième plus récente confirmant un rang seigneurial élevé au XIVème siècle. Le clan Mac Gregor s’inscrit durablement dans l’histoire de l’Ecosse comme acteur de nombreuses luttes féodales entre seigneurs rivaux.
Entre « saint » et « seigneur », quelle option certaine retenir pour rattacher l’un ou l’autre à l’origine de la commune bretillienne de Saint Grégoire ??? Faut-il privilégier « sa sainteté » ou « sa seigneurie » ?
Avant de trancher le débat, apportons-lui un peu de couleur. Les historiens attribuent « la Ville rouge » comme ancienne appellation à Saint Grégoire, en raison de la couleur de murailles rattachée à un ensemble gallo-romain, aujourd’hui complété par des fouilles sur le chemin du « bout du monde ». Soulignons quand même que Rennes bénéficie de cette même appellation avec une muraille primitive sur laquelle se superpose son rempart médiéval. Revenons à la voie non pas romaine (quoique) mais cléricale selon laquelle un évêque de Rennes revenant d’un pèlerinage à Rome ramena sinon des reliques du moins le culte du pape Grégoire Ier. De nombreuses sources écrites décrivent les implications patrimoniales infinies attachées à la possession de bénéfices ou de prébendes tirés de la paroisse grégorienne. Les familles concernées essaiment des patronymes faciles à suivre au fil des siècles. Une de ces familles mérite une attention particulière. En 1684, l’ancien manoir de la Ricoquais appartenait à un membre d’une illustre famille normande « Farcy » dont certains membres émigrèrent en Angleterre après la révocation de l’Edit de Nantes en 1685. Or un siècle plus tôt, Anglais et Espagnols s’affrontent sur le sol breton dans le cadre des guerres de la Ligue, à l’initiative du Duc de Mercœur soutenu par le « Très Catholique » Philippe II. Rennes reste fidèle à un roi protestant et le protestantisme demeure marginal dans la région. Si Ercé près Liffré conserve un pont des Huguenots, Saint Grégoire ne marque aucune attache particulière à la « religion prétendue réformée » en laquelle un seigneur d’outre-manche aurait pu se reconnaître avant de s’implanter.
Cet épisode guerrier qui amène en Bretagne des mercenaires étrangers intervient après plusieurs précédents notoirement connus. Pierre Mauclerc recrute 3000 gallois en 1234. La duchesse Anne parviendra à rémunérer nombre de mercenaires allemands et anglais à la fin du XVème siècle. Durant la Guerre de Cent Ans, Du Guesclin s’opposera aux Anglais venus batailler sur le sol breton sans désir particulier de s’y établir, obligeant même le Connétable à déplacer vers l’Espagne les Grandes Compagnies que les traités de paix livraient au chômage.
Un dernier élément d’investigation laisse une ouverture à l’immixtion d’une racine étrangère dans l’essor de Saint Grégoire, de la paroisse d’abord, de la commune ensuite après la Révolution. Relisons Fernand BRAUDEL et mesurons avec lui les effets du commerce de l’Economie-Monde. Avant le XIXème siècle, infime maillon d’une économie se mondialisant, Saint Grégoire participe directement ou non aux activités qui fondent la richesse régionale ; dans la sphère de Vitré pour la production industrielle, dans celle de Saint Malo pour le commerce international, dans celle de Rennes pour l’agriculture de proximité.
La toponymie révèle des traces anciennes qui manquent d’unicité… Au contraire, l’historien se trouve conforté dans son interprétation quand il trouve une corrélation, voire une similitude entre deux lieux. La France ne manque ni de Châteauneuf, ni de Villefranche. La toponymie ancienne de la Bretagne est basée principalement sur deux catégories de toponymes selon leur langue d’origine, romane ou brittonique.
La Rédaction