France : Lawrence d’Arabie entre estuaire et patrimoine arboricole : « Je suis tombé amoureux de la Rance »

Lors de son passage dans le pays de Dinan en Bretagne, Lawrence d’Arabie écrit à sa mère : « Je suis tombé amoureux de la Rance » dans une lettre en date du 26 août 1907 où il compare le canal aux rives de la Tamise à Londres ainsi qu’à la rivière Isis empruntée par les courses d’aviron de l’université d’Oxford.

Lawrence d’Arabie s’était pris de passion pour le cidre. En Angleterre, Il avait découvert les « modern ciders », des cidres élaborés à partir de pommes de table. Investir au Tchad rappelle que l’agriculture des pommes et des raisins est possible au Tchad grâce à la modernisation de l’agriculture et avec l’appui de partenaires techniques.

Lawrence d’Arabie et le patrimoine arboricole entretiennent une histoire commune née en 1907-1908, dans le cadre du Tour de France entrepris par le jeune aventurier alors qu’il était étudiant en archéologie à l’université d’Oxford. Et bien avant lors de ses séjours d’enfance sur la côte d’Émeraude et la vallée de la Rance.

Son périple pourrait valoriser les vergers cidricoles en s’inspirant de l’expérience du Blida développée pour le champagne. À l’origine, les verreries installées aux alentours de Reims fabriquaient des « Blidas», ces petits verres à thé, qu’elles exportaient vers l’Algérie par la ville de Blida pour couvrir l’Afrique et les pays d’Orient. Aussi, ce verre à thé a été détourné de son usage premier par les Ruinard, les Moët, les Taittinger, ces grandes familles qui ont fait la réputation du champagne à travers le monde. Dans les années 60, le marché s’est effondré et la production invendue s’est retrouvée coincée.
Afin de ne pas la gaspiller, les artisans (gobelet) ou vignerons pour le cas de Reims ont choisi de l’adopter. Un esprit pragmatique et du recyclage avant l’heure. Une transformation qui pourrait inspirer l’artisanat et l’imagination des industries créatives et culturelles, pour attirer des érudits voyageurs et publics curieux.

Une cuvée à l’effigie de ce grand aventurier pourrait stimuler la Bretagne et l’effervescence qui traverse ses vergers. Jusqu’au Levant ?
La pomme est le fruit national du Liban. Tous les Libanais ont été élevés avec le rituel : tartine + pomme pour le goûter en cour de récréation. Plusieurs pistes peuvent être envisagées en s’inspirant d’initiatives déjà existantes pour approfondir cette démarche.
Avec l’écomusée de la Bintinais, la collection fruitière du pays de Rennes par exemple comporte plus de 110 variétés de pommes à cidre et à couteau, une quinzaine de variétés de poires à poiré et à cuire, ainsi que quelques variétés de cerises.

À la fois musée, parc agronomique et conservatoire de la biodiversité, l’exemple de l’écomusée de la Bintinais occupe une place originale dans le paysage des musées de société du Grand-Ouest de la France. Cette singularité devrait donner lieu à une fréquentation plus importante de visiteurs issus des autres départements bretons, des départements limitrophes et des régions voisines.

Sans rien sacrifier aux ambitions scientifiques et pédagogiques, un circuit Lawrence d’Arabie développerait une collection de plantes cultivées révélatrices de l’histoire et de l’évolution de l’agriculture.

L’importance des grosses fermes pour fournir la ville proche et ses marchés en fruits et légumes est une constante du 16e siècle jusqu’au milieu du 20e siècle.
Si l’on connaît bien l’importance de la pomme de terre, que sait-on de ses ancêtres et des ressources fruitières et légumières aux 17e et 18 e siècles ? Et quels pouvaient alors être leurs substituts indispensables ?

Un circuit Lawrence d’Arabie pourrait contribuer à montrer l’évolution des productions légumières et fruitières au cours des 4 derniers siècles.

Toujours entre nature et culture, un tel espace permettrait d’expliquer les fondements du vivant que l’homme a su détourner à son service, comment il a pu s’affranchir de certaines contraintes du sol, sélectionner des plantes et des animaux pour produire, parfois trop…
Il s’agit bien là de donner les prérequis nécessaires à la compréhension de l’histoire des productions et des problématiques actuelles : pourquoi fumer un sol et le retourner, pourquoi faire alterner les cultures, pourquoi désherber, comment les rendements ont augmenté…

Une sorte de “Que sais-je” historique pour comprendre l’agriculture, le jardinage, l’élevage et plus globalement cette dynamique du vivant que nous devons réapprendre.
Cinq siècles de relations ville-campagne, un nouvel espace pour évoquer l’histoire des productions de la terre et les principes fondamentaux de la “dynamique du vivant. En somme, créer un nouvel espace muséographique dédié à la connaissance de la “dynamique du vivant” et de son histoire : pour une anthropologie de la nature.

L’Afrique et le Moyen-Orient pourraient eux aussi valoriser et faire connaître leurs vergers conservatoires en s’inspirant par exemple de la collection fruitière du Jardin du Luxembourg à Paris, patrimoine du Sénat français.

Par  Kevin LOGNONÉ 

Commentaires Facebook