France: Les Quirouard, corsaires du pays de Retz, de Pornic à la côte de Jade

Dans les pays traditionnels de la Bretagne d’Ancien Régime, figure le pays de Retz qui a connu plusieurs capitales : Rezé aux portes de Nantes, Pornic sur la côte de Jade, et enfin Machecoul, ancienne cité romaine et mérovingienne. Déjà, les moines du monastère de Micy près d’Orléans, appelé Saint-Mesmin-de-Micy (fondé par le Clovis au VIe siècle) étaient attirés par le commerce du sel de cette région prospère, et y construisirent une église et un prieuré au VIIIe siècle.

Le sel produit dans les marais salants de la baie de Bourgneuf et dans le marais breton était transporté sur le Tenu, reliant le golfe de Machecoul à la Loire pour ravitailler, en amont, les monastères prospères de Touraine et d’Orléanais. Au XVIIIème siècle, les corsaires ont eux aussi mené des alliances dans les terres. La plus étonnante est celle des Quirouard qui formèrent un pacte avec Félix Cossin dont les descendants se sont établis à Carquefou, commune située au nord de Nantes.

Léonard Julien Quirouard est né le 6 septembre 1756 à Pornic et décédé le 21 mai 1834 à Pornic, à l’âge de 77 ans. Il fut capitaine de navire et corsaire du Roi pour l’armateur nantais Félix Cossin. Son patronyme ligérien mérite qu’on s’attarde sur ses relations avec les corsaires de l’Arc Atlantique, dont la Loire Atlantique a été un repaire important au même titre que Dunkerque et Saint-Malo, cités respectives de Jean Bart et de Surcouf.

Félix Cossin (1762-1816), seigneur de Chources, a été un négociant nantais et armateur de corsaires nantais, aidé de son frère et propriétaire de bateaux. Il pouvait proposer ces derniers à des marchands, des négriers mais aussi à des capitaines spécialisés dans la course autorisée pendant les guerres contre l’Angleterre ou les Provinces unies ou bien simplement contre les compagnies commerciales comme celle des Indes (des Pays-Bas ou de l’Angleterre).

Son bureau était situé au 42 quai de la Fosse à Nantes. Lui-même a pris en charge des courses au début de ses activités contre des bateaux anglais ou hollandais. Normalement le coursier ou corsaire saisit un butin et parfois un navire entier ; au retour dans le port de départ le butin est vendu et le montant permet de rémunérer l’équipage, le capitaine et bien sûr l’armateur (avec des parts négociés).

La réalité pouvait être plus complexe : par exemple si grâce à un abordage un groupe de prisonniers était transféré sur le bateau vainqueur, il fallait négocier la remise de ces prisonniers soit avec l’ennemi sous la forme d’une rançon, soit avec les autorités françaises. Souvent, on essayait de régler cela avant le retour dans le port d’origine.

Si le bateau entier pouvait être remorqué, il serait vendu dans un port connu par exemple Saint Louis dans l’Isle de France (Maurice). Donc des armateurs ont encaissé des sommes par la traite négrière avec le retour des marchandises (tabac, coton, sucre, épices, poivre, bois précieux etc.) mais aussi grâce à l’action de certains corsaires.

A la fin de sa vie, Félix Cossin représente l’une des plus importantes fortunes de Nantes : à Carquefou il possède le château de Maubreuil lequel comprend six métairies. Certains lui attribuent le bâtiment de Bois Briand à Doulon (ancienne commune annexée à Nantes).

Le fils de Félix Cossin devint maire de Carquefou et fut député. Parmi les petits enfants du grand-père, un garçon épousa une princesse de la famille Murat et la fille Clémentine Cossin de Chources donna naissance au futur inventeur de la voiture De Dion Bouton puisqu’elle était l’épouse d’Albert Guillaume de Dion Wandonne.

Par Kevin LOGNONÉ

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