Gabon: Une béninoise écrouée pour avoir réduit en esclavage un garçon de 15 ans

Nadège Santos, une ressortissante béninoise la trentaine révolue, installée au quartier dit Matanda, dans le 4e arrondissement de la commune de Port-Gentil, est écrouée à la prison centrale de la localité depuis le vendredi 15 janvier 2021. Il lui est reproché d’avoir exploité un adolescent de 15 ans pour la vente de poisson fumé.

La maltraitance d’enfants est une pratique qui, bien que prohibée au Gabon, reste très répandue dans certaines localités. Non scolarisés, battus et exploités, ces enfants sont dénigrés en tant qu’être humain à part entière dans la société. À Port-Gentil, capitale économique du pays, il aura fallu qu’une personne de bonne volonté décide d’interpeller les autorités judiciaires pour que le calvaire d’un adolescent de 15 ans prenne fin.

Selon le quotidien L’Union, tout serait parti d’une dénonciation anonyme faite auprès de la juge en charge des mineurs, Vanessa Ambonguilat. C’est alors que cette dernière procède à l’interpellation des tuteurs de l’enfant prétendument maltraité. Et ce, afin de recueillir leur part de vérité vis-à-vis des accusations dont ils font l’objet. Pour ce faire, le prêtre Juvénal Biyiéghe, premier responsable du Centre d’accueil pour enfants en difficulté, sera convié.

Occasion pour la présumée victime de révéler son calvaire quotidien. Une maltraitance dont le petit serait victime depuis son arrivée au Gabon en 2015. Il en ressort qu’il était régulièrement battu par Nadège Santos. Âgée de 36 ans, cette commerçante béninoise aurait même exigé à l’adolescent d’être le compagnon de pêche de son concubin plutôt que d’aller à l’école. Plus grave, il aurait été obligé de faire fumer du poisson toutes les nuits avant de les vendre le matin.

Dans le but de confronter les parties, la mise en cause sera à son tour interrogée. Seulement, dos au mur, Nadège Santos s’est terrée dans un profond mutisme. Il n’en faudra pas plus pour qu’elle soit gardée à vue au sein du commissariat central de la localité avant d’être déférée devant le parquet de Port-Gentil où elle sera placée sous mandat de dépôt après avoir été inculpé pour maltraitance d’enfants. Quant à sa victime, elle a été mise à disposition du Centre d’accueil pour enfants en difficultés.

Au Gabon, le Code pénal condamne cette pratique inhumaine. Notamment en son article 225 alinéa 1 qui dispose que « l’auteur de traite des êtres humains est puni de 7 ans d’emprisonnement au plus et d’une amende de 100.000.000 de francs au plus ». Il est néanmoins prévu que cette peine peut être revue à la hausse soit à 10 ans d’emprisonnement au plus si la victime a été exploitée « à des fins de servitude ou d’esclavage ». Si les accusations qui pèsent sur Nadège Santos sont avérées, cette dernière encourt une lourde peine.

Par Jérôme Wailifu

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