Gambie: Sona Jobarteh: Qui est cette femme contestant l’exclusivité de la Kora aux hommes?

 

Sona Jobarteh est une compositrice, chanteuse et instrumentiste d’origines gambienne et anglaise. Elle est la première femme joueuse professionnelle de kora.

De père Gambien et de mère anglaise, Sona est née en 1983 à Londres en Angleterre d’une famille de griots, une des principales lignées de l’Afrique de l’Ouest.

Joueuse professionnelle de Kora, elle est la première femme membre de cette famille à jouer en public, cet instrument. Elle est venue changer la tradition en ce qui concerne la pratique de la Kora qui était exclusivement transmise de père en fils. La kora est un élément important de la culture des peuples Mandingues, en Afrique de l’Ouest, et en jouer est réservé uniquement aux griots.

Petite-fille du griot de sa lignée, Amadu Bansang Jobarteh et cousine de Toumani Diabaté, c’est toute petite qu’elle a été initiée à la pratique de la Kora. A l’âge de 4 ans, son grand frère a commencé à lui enseigner la pratique de cet instrument. A l’adolescence elle a développé un plus grand désir d’apprendre à jouer de la Kora.

Parcours de la Koraïste Sona Jobarteh
Sona Jobarteh a étudié au Royal College of Music. Là-bas elle a joué du violoncelle, du piano et du clavecin. Elle a par la suite étudié la composition à la Purcell School of Music. En parallèle elle a participé à plusieurs formations orchestrales, y compris la River of Sound avec l’Irish Chamber Orchestra, et avec la percussionniste écossaise Evelyn Glennie, ou encore l’Orchestre philharmonique royal, le Britten Sinfonia.

Après avoir obtenu son diplôme à la School of Oriental and African Studies (SOAS), Sona est artiste et professeur de Kora. Elle s’applique pour faire connaître le répertoire et l’histoire de la Kora aux nouvelles générations. Elle travaille avec son père qui a fondé une école de musique en Gambie, portant le nom de son grand-père. Son premier album personnel est Afro-Acoustic Soul, publié en 2008 avec des titres qui ne laissent pas indifférent.

En 2009, elle fait ses débuts en tant que compositrice de musique de films, lorsqu’elle a été mandatée pour créer la bande son d’un film documentaire sur l’Afrique: Motherland. Ce film documentaire est écrit et dirigé par Owen Alik Shahada. En 2014, elle ouvre une école de musique et là elle enseigne le jeu des instruments traditionnels de la culture mandingue (notamment kora, balafon, et djembé).

Sona Jobarteh dans Jarabi
Jobarteh a collaboré sur scène avec de nombreux musiciens comme Oumou Sangaré, Toumani Diabaté, Kasse Mady Diabaté et l’Orchestre symphonique de la BBC. Elle contribue comme compositrice et musicienne à deux albums de son frère Tunde Jegede, Malian Royal Court Music, et Lamentations, puis compose deux pièces, que l’on retrouve aussi sur l’album Trance Planet Vol. 5.

Sona Jobarteh a su faire une fusion entre la musique contemporaine et la culture africaine pour créer son répertoire artistique. Elle joue aussi de la guitare.

Qui dit Kora dit homme mais Sona Jobarteh vient prouver que les femmes aussi peuvent jouer à cet instrument qui amène calme et sérénité mais apaise aussi les cœurs. Cette koraïste montre que les femmes peuvent être à la même place que les hommes. Elle représente” la femme battante”.

Par Francis Kaboré.

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