Soudan: Le cri du cœur d’un peuple meurtri : “Nous sommes devenus comme la Palestine, des citoyens sans patrie”
Le Soudan, autrefois berceau de civilisations millénaires, vit aujourd’hui l’une des pires tragédies humaines de son histoire. Après plus d’un an et demi de guerre entre les forces armées soudanaises (FAS) et les Forces de soutien rapide (FSR), la population civile, épuisée, exprime un désespoir sans précédent. Sur les réseaux sociaux, une phrase résonne comme un cri du cœur collectif :
« Nous sommes devenus comme la Palestine : des citoyens sans patrie. »
Un pays à genoux
Le conflit, qui a éclaté en avril 2023, a transformé le Soudan en un vaste champ de ruines. Les grandes villes comme Khartoum, El-Obeid ou Nyala ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes. Hôpitaux détruits, écoles fermées, infrastructures anéanties : plus de 10 millions de personnes ont été déplacées selon les agences humanitaires, faisant du Soudan la plus grave crise de déplacement interne au monde.
À travers ce parallèle avec la Palestine, les Soudanais traduisent leur perte d’appartenance et leur sentiment d’abandon. « Nous avons perdu nos maisons, nos proches et même notre identité. Nous survivons sans savoir où aller », confie un réfugié joint par téléphone depuis la frontière tchadienne.
Une crise humanitaire et identitaire profonde
Le conflit n’a pas seulement dévasté les villes et les villages, il a aussi fracturé le tissu social. Les familles sont dispersées entre les pays voisins — Tchad, Égypte, Éthiopie ou Soudan du Sud — et les camps de réfugiés débordent. Selon l’ONU, des centaines de milliers d’enfants sont confrontés à la malnutrition et à la déscolarisation, tandis que les femmes subissent des violences systématiques dans les zones de combat.
« C’est une guerre qui a volé à un peuple tout ce qui fait une nation : la sécurité, la dignité et le sentiment d’appartenance », commente une militante soudanaise des droits humains exilée au Caire.
Le silence du monde
Malgré l’ampleur de la tragédie, la communauté internationale peine à mobiliser une réponse à la hauteur du drame. Les appels à un cessez-le-feu se succèdent sans effet, tandis que les civils continuent de fuir une guerre dont ils ne comprennent plus les motivations.
Beaucoup dénoncent une “indifférence sélective” : “Quand la guerre éclate ailleurs, le monde s’indigne. Mais quand c’est le Soudan, le silence prévaut”, écrit un internaute sur X (ex-Twitter).
Une résistance par la foi et la mémoire
Face à la douleur, les Soudanais s’accrochent à ce qui leur reste : leur foi, leur culture et leur mémoire collective. Des artistes, poètes et journalistes tentent, à travers leurs œuvres, de raconter le quotidien des oubliés de la guerre. Ce témoignage de survie rappelle que malgré les blessures, le peuple soudanais refuse d’abandonner son humanité.
« Nous n’avons plus de maison, mais nous avons encore une voix. Et cette voix, personne ne pourra la faire taire », écrit un jeune étudiant réfugié à Adré, à la frontière tchadienne.
Un appel à la conscience mondiale
Ce cri du cœur venu du Soudan, assimilant la détresse de tout un peuple à celle de la Palestine, résonne bien au-delà des frontières africaines. Il interpelle les consciences et rappelle qu’aucune nation ne devrait être réduite au silence dans la douleur.
Le monde, s’il veut encore croire en la dignité humaine, ne peut détourner le regard d’un peuple qui, dans le fracas des armes, cherche simplement à exister.
Par Issa Abdou

