Afrique : Désinformation en Afrique : Une enquête de Fact’Africa cartographie les relais pro-Kremlin sur le continent

 

Une enquête vidéo publiée le vendredi 24 octobre 2025 par la plateforme Fact’Africa met en lumière un vaste réseau de diffusion de contenus alignés sur les récits du Kremlin dans plusieurs pays africains. Ce travail de fact-checking révèle comment des articles, vidéos et publications sur les réseaux sociaux contribuent à installer, sous des apparences locales, des messages pro-russes dans l’espace médiatique africain.

Selon Fact’Africa, de nombreux contenus diffusés en Afrique francophone reprennent à intervalles rapprochés des éléments de langage issus de médias russes proches du pouvoir. Le site Actu Cameroun y est cité comme point de départ récurrent, entre 2019 et 2025, plus de 250 de ses articles auraient été partagés par Sputnik News et Réseau International, avant d’être repris par des plateformes telles que ActuNiger, Journal du Tchad, SeneNews ou encore LeFaso.net.

Ce mécanisme de duplication quasi simultanée dans plusieurs pays donne, selon l’enquête, l’illusion d’un « consensus africain » sur certaines thématiques, la Russie comme partenaire fiable, la France comme puissance manipulatrice, et l’Occident présenté comme porteur de valeurs contraires aux traditions africaines.

La vidéo cite notamment le journaliste camerounais Armand Rodolphe Djaleu et son collègue Modeste Dossou, identifiés comme des relais récurrents de messages pro-Kremlin. Leurs publications, bien que produites localement, serviraient de courroies de transmission à des narratifs d’origine russe, leur donnant une apparence d’authenticité africaine et une portée éditoriale renforcée.

Fact’Africa alerte également sur l’usage de vidéos générées par intelligence artificielle dans la diffusion de ces contenus. Des groupes de désinformation russes, identifiés sous les noms Storm 1516 et Storm 1679, auraient produit plusieurs vidéos relayées ensuite par Actu Cameroun, notamment en 2023 et 2024. Ces vidéos, à faible visibilité initiale, seraient ensuite amplifiées sur les réseaux sociaux, favorisant leur viralité.

L’enquête décrit un circuit sophistiqué de production et d’amplification de contenus qui brouille les frontières entre information et communication d’influence. Dans ce contexte, Fact’Africa plaide pour une vérification accrue des sources et des images, une traçabilité éditoriale des contenus publiés et une éducation aux médias destinée aux journalistes comme au grand public.

Au-delà du cas exposé, la vidéo pose une question essentielle celle de la souveraineté informationnelle africaine. Dans un environnement médiatique mondialisé, garantir une information libre, pluraliste et vérifiée devient un enjeu central pour préserver l’indépendance du débat public sur le continent.

Par NLR 

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