Afrique : Elevage, transformation et commercialisation d’escargots: une opportunité de relance du commerce transsaharien et son âge d’or avec l’Egypte ancienne ?

Quel paradoxe de penser aux escargots, champions de la lenteur quand il est question de mobilité du futur sur la route transsaharienne. Pourtant, La richesse Tchadienne, ses diverses cultures et sa nature illustrées dans le cadre de son pavillon à l’exposition universelle de Dubaï offrent de réelles opportunités reliées à cet axe, l’un des grands projets de développement de la région d’autant qu’il passe par cinq autres pays, à savoir la Tunisie, le Mali, le Niger, le Tchad et le Nigéria sur une distance de 4.500 Kms. A la croisée des échanges de cotonnades venant d’Egypte et de l’or venant de Tombouctou, les étapes historiques, points de vue, sons, aspirations du Tchad traduisent la profondeur anthropologique de ce pays. Et son rayonnement à venir dans la New Nature Economy.
A l’heure où l’année 2022 célèbre le bicentenaire du déchiffrage des hiéroglyphes par Champollion, la zone d’exposition « mobilité », qui était un des trois principaux sous-thèmes de l’Expo universelle de Dubaï (en plus de l’opportunité et de la durabilité) a traduit une vision prospective du Tchad, qui place l’intégration et la complémentarité régionales au cœur de ses intérêts, en réinventant une puissance transfrontalière convaincue des avantages d’une vision collaborative pour le développement, l’économie et la croissance de demain.
Quelle singularité offre aujourd’hui un « périple » à travers la route transsaharienne ? L’opportunité de se connecter aux petites et moyennes entreprises (PME), aux entreprises de grande taille et aux start- up de divers secteurs. Mais aussi de découvrir des opportunités du Tchad dans les énergies renouvelables, et son potentiel pour devenir un pays émergent d’ici 2030.
L’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI) compte parmi ses Etats membres de nombreux trésors en matière de valorisation de produits forestiers non-ligneux d’origine végétale : le beurre de Moabi, le Djansan (amande issue d’un arbre fruitier), la mangue sauvage, la feuille d’Ibanga au Gabon.
D’autres pays membres de l’OAPI comme la République Centrafricaine explorent le potentiel de produits forestiers non ligneux d’origine animale : chenilles, champignons…
Mais le Tchad pourrait s’appuyer sur ses liens historiques avec l’Egypte ancienne pour relancer une filière très prospère : l’héliciculture qui désigne l’élevage des escargots comestibles. Le terme dérive de Helix, nom scientifique d’un genre de gastéropodes. Le mot escargotière désigne l’endroit où sont élevés les escargots, élevage effectué par un héliciculteur ou une hélicicultrice.
A l’époque antique, les égyptiens avaient très vite identifié l’intérêt d’élever des escargots pour développer des huiles et des savons. L’escargot, de sa bave, aux propriétés hydratantes de sa coquille, parfaite arme anti caries en passant par sa chair, véritable vivier d’éléments nutritives, cultive de nombreux bienfaits. En Afrique de l’ouest en général et au Bénin en particulier, il est régulièrement consommé comme repas de fêtes mais aussi quotidiennement en Egypte.
La fondue égyptienne d’escargots (750g) est aromatisée aux épices arabes et sa viande est aujourd’hui remplacée par trois douzaines d’escargots de Bourgogne. Une filière africaine gagnerait à être renforcée avec les nombreux débouchés d’avenir sur le continent.
Sur un plan historique, des fourchettes à escargots datent de 3000 ans avant notre ère. Alors que les européens ont mangé avec les doigts et un couteau jusqu’au XVIe siècle, certaines antiques civilisations faisaient preuve, à table, d’un grand raffinement. Les grecs et les romains, par exemple, fabriquaient des cuillères en bronze, voire en argent; les romains connaissaient en outre l’usage de la fourchette.

Mais ce sont les Égyptiens qui, en 3000 av. J.-C., conçurent les couverts les plus finement travaillés. Ils avaient été jusqu’à imaginer des fourchettes à escargots.
Frédéric Cailliaud a été un grand égyptologue nantais, ayant entrepris un grand voyage d’étude pour retrouver les anciennes mines d’émeraudes des pharaons à Zabarah près de la mer Rouge. ll copia une foule d’inscriptions, rapporta des monuments de toute sorte, entre autres une momie couverte d’inscriptions hiéroglyphiques avec traduction grecque, qui servit beaucoup aux études de Champollion. Au retour d’un autre périple pour pénétrer en Haute-Nubie, Cailliaud eut la conviction que la religion des Egyptiens dont les dieux sont identifiés à des animaux, a été fortement influencée par l’Ethiopie qui possède une faune et une flore très riches.
Cette faune et cette flore si riches au Tchad peuvent inspirer demain notre bioéconomie mondiale et une nouvelle génération d’entrepreneurs et de porteurs de projets sensibles au biomimétisme. Frédéric Cailliaud a été conservateur du Muséum de Nantes de 1836 à 1869. A la fin de sa vie, il se consacra à l’étude de la conchyliculture (coquillages) et de l’héliciculture. La France possède à Khartoum au Soudan, le Centre culturel français Frédéric-Cailliaud qui propose des manifestations culturelles, des cours d’apprentissage du français et un centre de documentation et de ressources sur la France contemporaine sous l’égide de l’ambassade de France au Soudan.
Les travaux de cet égyptologue pourraient nourrir le champ des possibles du nouveau commerce transsaharien et ses opportunités grandeur nature.

Par Kevin LOGNONÉ

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