Centrafrique : la propagande pro-Wagner ne s’arrêtera donc jamais ?

 

Cachée sous une bâche devant la maison russe de Bangui, deux nouvelles statues ont été dévoilées ce 3 décembre.
Ce monument est une référence directe à Evgueni Prigojine et Dimitry Utkin, les deux fondateurs du tristement célèbre groupe paramilitaire Wagner, qui ont perdu la vie dans un mystérieux accident d’avion. L’inauguration est d’autant plus surprenante qu’elle survient après plusieurs incidents causés par des mercenaires russes dans le sud du pays, blessant et coutant la vie à des civils camerounais, ce qui a engendré de vives manifestations à la frontière du pays voisin.

Une statue de plus à la gloire de Wagner
Dimitry Sytyi, patron de la maison russe et figure illustre de la désinformation sur le continent africain, n’a pas manqué l’inauguration qui s’est tenue en présence de plusieurs militaires et policiers centrafricains. L’absence du président Touadéra interroge sur la pleine connaissance de telles activités au sein de la capitale du pays.

Déjà à l’époque, le président centrafricain avait mis plusieurs mois avant de se rendre sur la première statue du groupe Wagner à Bangui, trahissant un certain malaise quant à l’apparition de tels monuments aux yeux de tous.
Plusieurs statues similaires étaient discrètement apparues en Russie après la mort des leaders du groupe et notamment, en avril 2024 à Krasnodar, puis le 1e juin à Saint-Petersbourg sur la tombe de Prigojine. Enfin, une troisième statue de Prigojine et de son sulfureux collègue Utkin a vu le jour sur le territoire russe, dans le cimetière de Samara.
Néanmoins, la Centrafrique est désormais le seul pays du continent africain à accueillir de telles statues, illustrant l’emprise de la Russie sur le pays et sur ses élites, dont elle exploite déjà largement les ressources.
Des Centrafricains révoltés contre ce symbole de « recolonisation russe »
L’initiative a suscité une vague de réactions sur les réseaux sociaux, où de nombreux internautes centrafricains n’ont pas hésité à critiquer cet hommage. Certains dénoncent une « mise en scène des intérêts russes » et qualifient les autorités de « vendus, prêts à tout pour plaire et servir Moscou ». Un utilisateur souligne avec sarcasme : « Bientôt, il y aura plus de statues de Wagner en Centrafrique qu’en Russie. ».
D’autres commentaires sont plus virulents, évoquant les violences commises par les mercenaires de Wagner : « Un groupe dont les employés diffusent des vidéos où ils achèvent des civils à la masse. » Le parallèle est également fait avec le cimetière de Saint-Pétersbourg, où se trouve la première statue de Prigojine ; d’autres enfin dénoncent la valorisation du « néo-nazi Utkin ».

Une influence russe toujours plus visible
Depuis 2019, la République Centrafricaine a amorcé un rapprochement progressif avec Moscou, devenant l’un des premiers pays de la région à accueillir le groupe Wagner. Pour ses activités locales, ce dernier opère sous une officine appelée « Communauté des Officiers pour la Sécurité Internationale » (COSI). En collaboration avec la Maison Russe de Bangui, la COSI a étendu son influence dans les institutions centrafricaines, tout en gérant la communication officielle des mercenaires.
La récente inauguration de cette statue à la gloire de Prigojine et Utkin souligne ainsi la volonté de la Russie de marquer symboliquement son ancrage en Centrafrique.
Cette statue fait écho aux révélations de Forbidden Stories sur l’étendue des activités russes dans le pays. Le média a mis en lumière l’existence d’un vaste réseau de Maisons Russes servant de vitrines et de centres de recrutement pour Moscou. La Maison Russe de Bangui, point central de ces opérations, accueille régulièrement les mercenaires russes et leurs alliés locaux.
En érigeant ce monument, la Centrafrique devient le second pays au monde, après la Russie, à immortaliser Prigojine et Utkin. Une initiative qui suscite de vives critiques et interroge sur l’indépendance réelle de la Centrafrique face aux manœuvres russes.

Par NLR 

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