Mali : Le M5 rejette la proposition de Gouvernement d’union nationale de la Cédéao
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Les propositions portées par la mission de la Cédéao dirigée par l’ex-président nigérian Goodluck Jonathan, dans la crise malienne, ont été rejetées ce samedi par le Mouvement du 5-Juin (M5-RFP), l’alliance qui défie le pouvoir dans la rue.
Selon les informations, la mission a proposé aux contestataires le maintien au pouvoir du président Ibrahim Boubacar Keita ainsi que la formation d’un Gouvernement d’union nationale. Le plan de la Cédéao propose également une recomposition de la Cour constitutionnelle, qui a fait déborder la colère en invalidant une trentaine de résultats des législatives de mars-avril.
Le M5 ne lâche rien de ses revendications
Dans un communiqué ce jour, le M5 indique que les propositions de la médiation « ne tiennent aucunement compte du contexte sociopolitique et des risques majeurs que la gouvernance d’Ibrahim Boubacar Keïta fait peser sur l’existence même du Mali en tant que nation, république et démocratie ».
Il regrette aussi qu’elles soient identiques à celles déjà formulées par le chef de l’État, qu’il les a déjà rejetées.
Dans un climat d’exaspération nourrie depuis des années par l’instabilité sécuritaire, le marasme économique ou encore une corruption jugée endémique, la troisième grande manifestation le 10 juillet contre le président IBK à l’appel du M5-RFP a dégénéré en trois jours de troubles sanglants.
La foule a attaqué le Parlement et la télévision nationale, des rues se sont dressées de barricades et différents quartiers ont été le théâtre de saccages et d’affrontements entre lanceurs de pierres et forces de sécurité tirant à balles réelles.
La confrontation a fait 11 morts, selon le Premier ministre Boubou Cissé. Une division de la mission de l’ONU dans le pays (Minusma) parle de 14 manifestants tués, dont une femme et deux garçons. Le M5 va jusqu’à évoquer 23 morts.
Les autorités ont été critiquées de toutes parts pour un usage excessif de la force. « Malheureusement, il y a eu des dérapages, c’est très regrettable ce qui s’est passé et nous nous en excusons. Évidemment, une enquête judiciaire sera ouverte », a dit le Premier ministre à la chaîne France 24. « Toute la lumière sera faite « et les » sanctions nécessaires » seront prises, a-t-il promis.
Le Mouvement du 5 juin, qui canalise des mécontentements multiples et profonds, a décrété la « désobéissance civile » et a repoussé jusqu’alors les tentatives d’ouverture du président. Il avait initialement annoncé un nouveau rassemblement à haut risque ce vendredi. Avec l’arrivée de la mission de la Cedeao, il a opté pour une journée de recueillement à la mémoire des morts de la contestation dans les mosquées du pays.
Par Chérif Keita.