Océan indien: Une Youth Bank pour relancer la liberté d’initiative de la Free French Banking

Jérôme Filippini, préfet de La Réunion, a salué la mémoire de Marguerite Jauzelon, institutrice et haute figure de la résistance, décédée à l’âge de 105 ans. Engagée en tant qu’ambulancière dès 1943, elle partit de La Réunion pour participer activement aux opérations de débarquement et de libération de la France.
Soigner au cœur des ruines faisait aussi partie du défi irlandais souligné par Samuel Beckett, Prix Nobel de littérature, lors de son périple de Saint-Lô à Arcachon pendant cette sombre période qui confrontait toutes les terreurs de l’homme à toutes ses raisons d’espérer.
Dans l’ombre de Jean Monnet, René Pleven, responsable des finances de la France libre entouré de réseaux de résistance a contribué à transporter du courrier, des fonds et des documents pour créer à Londres avec le général de Gaulle la «Free French Banking». Une banque d’une audace incroyable qui joua le rôle de premier «argentier» de la France Libre, avec seulement quelques compétences financières…
Des connaissances personnelle des hommes, des continents… Des dons du monde entier : des pépites d’or du Congo, des diamants, des perles d’Erythrée…permettant de compenser les avances de guerre reçues de la Grande-Bretagne. A la fin du conflit, Pierre Mendès France prononcera, lors de la présentation du premier budget public de 1945 : « Ces années de guerre active auront coûté à la France le prix d’une exposition ! ». Sénèque aurait dit… « Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas ; c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles. »
La Réunion doit-elle s’inspirer du modèle irlandais des Youth Banks pour renforcer sa place dans le Chant du Monde ?
Mais qu’est-ce qu’une Youth Bank ? L’idée est née dans le pays du trèfle, en Irlande dans les années 90. Cinq organisations en charge de l’expression citoyenne des jeunes (dont le Youth Council et la National Youth Agency notamment) s’unissent et collectent des fonds, à hauteur d’un million de livres, pour financer des projets portés par les jeunes, avec une vocation citoyenne. Les aides qu’elles peuvent apporter vont de 250 à 25 000 livres selon l’intérêt et l’ampleur des projets. Les Youth Banks sont gérées essentiellement par des jeunes âgés entre 20 et 25 ans, mais des référents plus âgés peuvent cependant venir en appui.
En s’inspirant du modèle irlandais des Youth Banks déployé sur l’île d’Emeraude, la Technopole de La Réunion a organisé une conférence le 13 avril 2021 pour présenter le modèle irlandais des Youth Banks et débattre de son ouverture sur le sol Réunionnais à travers le prisme des échanges et opportunités d’expérimentation Indianocéaniques.
Plusieurs constats ont été dressés : 50 à 60% des jeunes Réunionnais ont l’intention de créer une entreprise. Toutefois, il existe trois principaux freins :
– Un essoufflement des jeunes par rapport aux circuits bancaires classiques
– Un manque de transition expérientielle entre l’adolescence, la fin d’études, et l’âge adulte
– Enfin, le manque de moyens financiers comme principal handicap à la concrétisation d’un projet de création.
Dans le contexte du Brexit, la Réunion a-t-elle une carte à jouer comme plateforme d’innovation entre les tigres de l’Océan indien et tigres celtiques ? Et servir de carrefour avec ses voisins et pôles de la diaspora irlandaise (Afrique du sud, Maurice, Australie…) ? Quid d’un programme expérimental Youth Bank au féminin ? Partenariat entre l’État, la Région, le Département, BPI-France et BNP Paribas, une convention vient d’être signée pour soutenir les femmes créatrices d’entreprise.

Par Kevin LOGNONÉ

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