Tchad : culture : Artistes , victimes de la crise ?

De nos jours, il est une réalité indéniable que l’argent est la solution à tous les problèmes. Vu sous cet angle, lorsqu’on en manque, on devient vulnérable et exposé à tous les dangers. En conséquence, le talent est une chose, mais l’exploiter pour en vivre en est tout autre. Surtout si le détenteur ne met pas du paquet pour le travailler afin d’en faire un produit fini. « Sans ressources, il n’y a pas de vertu », cette assertion de Descartes est fort éloquente à ce sujet. En un mot, pour reprendre ce brillant philosophe français, les artistes tchadiens , convaincus de leurs potentiels, ont en plus besoin de gros moyens matériels, techniques et surtout financiers afin de communiquer suffisamment autour de leurs différentes créativités, se faire accompagner et vendre leurs produits pour pouvoir survivre. Hélas, la crise aidant, il est difficile aux artistes de se faire vendre et vendre leurs œuvres quelle que soit la nature ou la qualité. Les sponsors et les promoteurs se font donc de plus en plus rares. Autrement dit, sans le soutien salutaire des amoureux de la chose culturelle possédant les possibilités comme les opérateurs économiques et des personnalités publiques, l’artiste n’a que ses larmes pour pleurer son triste sort. En conséquence, l’homme de la culture se retrouve, comme c’est le cas, face à son destin. L’art n’arrive plus, pour ainsi dire, nourrir son homme. Et, chaque jour que Dieu fait, les lamentations des artistes désespérés se succèdent. « Vraiment, l’art ne paie pas de mine au Tchad. J’ai commencé avec la musique il y a peu de temps mais depuis je n’ai touché aucun sou pour mes prestations. Je suis obligé de me débrouiller au quartier pour joindre les deux bouts… ». S’est confié d’un air abattu un jeune artiste qui requiert l’anonymat que nous avons rencontré à la sortie du studio d’enregistrement. Mais une question demeure : est-ce que les artistes sont les seuls frappés par cette situation qu’il convient de qualifier par politesse de dramatique ? Certainement pas.
Crise économique : frein du développement ?
« Le pétrole de notre pays, c’est la culture », chantait Mawndoé Celestin, l’international tchadien dans l’un de ses morceaux favoris. Ceci, pour vanter la force potentielle de ce secteur pour le progrès d’une nation comme la nôtre en quête de la stabilité économique. En effet, la culture, au-delà de son caractère de pilier de réconciliation des cœurs, est le ciment de l’unité, et à l’image de ce matériaux indispensable, permet de construire un décollage économique. Le plus fiable qu’il soit afin d’insuffler une forme de changement susceptible de s’inscrire dans une longue durée. En un mot, capable d’insuffler le développement durable tant escompté et le souhait de tout le monde. C’est donc eu égard à de telles considérations que beaucoup assimilent la culture à une industrie. C’est-à-dire une entité qui transforme les matières brutes en produits finis pour pouvoir en tirer des retombées en termes de profit. En d’autres termes, l’art, s’il est exploité à bon escient, est générateur de l’emploi pour les jeunes et de profits réversibles au trésor public mieux même que les régies ordinaires de l’Etat. En conséquence, autour de son talent, un atout naturel, dépendraient plusieurs personnes voire des institutions. Malheureusement, du fait de la crise ambiante, les salles de spectacles sont de plus en plus vides et l’on note de moins en moins d’engouement pour ce secteur, pourtant porteur d’espoir pour le changement. « Je viens de faire un spectacle récemment et il y avait moins de cinquante personnes dans la salle mais qu’est-ce que je peux y faire ? », s’interroge un artiste comédien qui s’est livré à nous. Cependant, vu que le développement culturel est un ingrédient essentiel pour prétendre au mieux-être pour tous, que faire face à cette situation ? Voilà une question bien préoccupante.
Un pari pour les journalistes culturels
Ce drame interpelle tout le monde : décideur politiques, opérateurs culturels, promoteurs et les artistes eux-mêmes. Mais la responsabilité des hommes et femmes de communication est des plus importantes et indispensables. Pour résorber cette permanente calamité, les décideurs doivent y mettre plus d’énergie et de moyens concrets. Quant aux opérateurs et promoteurs culturels, ils sont appelés à envisager de nouvelles perspectives, s’il le faut, en sortant des sentiers battus et essayer des expériences innovantes et novatrices. De leur côté, les artistes doivent s’armer de courage et cultiver le goût du travail bien fait, tout en étant en perpétuelle remise en question pour s’imposer, imposer le respect et se positionner. Cependant, tous ces efforts n’auront pas de sens si les hommes et les femmes de médias n’y mettent pas les leurs. Ceci au prix d’une nouvelle forme de communication aux fins de relayer à des plus hautes instances leurs visions et attentes, en plaidant favorablement à leur égard et en se tenant à leur côté pour les soutenir avec les mots qu’il faut. Ce, dans le but final de les rendre plus visibles ainsi que leurs différents projets. Une communication adéquate, tel est ce qu’on attend des journalistes culturels en ce temps de crise économique.
Par kenzo brown .

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