Tunisie : Un homme condamné à mort pour avoir critiqué le président Kaïs Saïed

 

La Tunisie est sous le choc après la condamnation à mort de Saber Chouchane, un père de famille de 51 ans, pour des publications critiques à l’égard du président Kaïs Saïed sur Facebook. Le verdict, rendu le 1er octobre dernier, a suscité une vive indignation au sein de la société civile et des défenseurs des droits humains.

Selon Radio France Internationale (RFI), le quinquagénaire a été jugé sur la base de l’article 72 du Code pénal tunisien, qui punit de la peine capitale tout « attentat ayant pour but de changer la forme du gouvernement ». Les autorités estiment que les publications de M. Chouchane constituaient une menace contre le régime en place, une interprétation jugée disproportionnée par plusieurs observateurs.

Bien que la Tunisie ait suspendu l’exécution de la peine de mort depuis 1991, ce verdict demeure symboliquement lourd. Saber Chouchane restera incarcéré, dans l’attente d’un éventuel recours, tandis que sa famille et ses avocats dénoncent un procès politique destiné à faire taire les voix dissidentes.

Les organisations de défense des droits humains, dont Amnesty International et la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), ont immédiatement réagi, réclamant l’annulation du jugement et la libération immédiate du condamné. « Ce verdict est une atteinte grave à la liberté d’expression et au principe fondamental de la démocratie tunisienne », a dénoncé un représentant de la LTDH.

Depuis plusieurs mois, le président Kaïs Saïed est accusé par ses détracteurs de dérive autoritaire. Depuis la dissolution du Parlement en 2021, il concentre entre ses mains l’essentiel du pouvoir exécutif et judiciaire. De nombreux opposants, journalistes et militants ont été arrêtés pour leurs critiques du régime, dans un climat politique de plus en plus tendu.

Pour de nombreux Tunisiens, cette affaire illustre la régression démocratique que connaît le pays depuis la révolution de 2011, jadis saluée comme un modèle pour le monde arabe.

Par Issa Abdou 

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